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Lettre du 17 novembre 2020

Bonjour,

 

Tout d’abord, je suis content de voir qu’il y a toujours beaucoup d’énergie chez vous, les jeunes pour mener certains combats malgré les temps difficiles qu’on vit pour l’instant. 

Néanmoins, pour ma part, et même si j’ai été condamné pour des choses que je n’ai pas commises, il est de fait que j’ai, à la base, commis une faute grave. La justice ne m’a pas fait de cadeau et je n’ai pas pu me défendre comme je voulais, étant « novice » et n’ayant jamais été hors du chemin.

 

Depuis un an maintenant, je me bats contre ce système complètement obsolète et qui m’étonne encore toujours par son manque de respect, vis-à-vis des droits humains, et surtout, dans un pays où je croyais que l’état de droit était acquis. Aujourd’hui, ayant compris que nous sommes en « dollarcratie » et non en « démocratie », broyé par notre administration incompétente et arriérée, je me suis résolu à attendre et subir ma douleur en silence, puisque personne, en fin de compte, n’écoute.

 

Loin de moi l’idée de vous décourager. Mais force est de reconnaître que depuis un an que je suis ici, avec deux confinements très durs, surtout en prison, rien n’est entrepris. Pour dire que l’on fait quelque chose, on nous a donné un peu d’argent pour téléphoner, et ainsi, se décharger de toute initiative qui pourrait soulager les êtres humains que nous sommes encore.

Que du contraire, il y a même, et je ne suis pas le seul à le penser, une mise en place d’un système encore plus dur et justifié, toujours par cette crise qui sert d’excuse à toute mesure de durcissement qui ne passerait pas en temps normal. Tous les pays, et même les plus durs, libèrent, allègent les peines, reconnaissent que si les temps que nous vivons sont extrêmement difficiles pour tout un chacun, ils le sont surement aussi pour les détenus. Mais voilà, pas de chance, dans la capitale de l’Europe, une fois de plus, on ne fait pas comme les autres.

 

Je croyais être mort quand je suis rentré ici mais grave erreur, les temps passent, et je me rends compte que la descente ne faisait que commencer. A tel point que, je ne vois pas très bien comment je vais pouvoir en sortir. Surtout qu’une fois sorti, ce sera encore pire. Pas de perspective, rien de mis en place pour essayer de s'en sortir et pour seul intérêt, un casier judiciaire qui va permettre de vous enfoncer encore plus.

 

Bref, je ne suis pas très optimiste. Et, en sachant que je ne suis pas un grand criminel. Pas de seconde chance en Belgique ! Une fois incarcéré, c’est fini, vous n’êtes plus personne. 

 

Malgré ça, le travail ne manque pas pour ceux qui veulent se battre pour l’idée que j’avais, moi aussi, d’une démocratie, comme on l’apprend à l’école, comme on nous le martèle aux infos. Mais, je ne serai plus pour vous d’une grande aide, puisque j’ai vu ici, autre chose… une face cachée dont on ne parle pas aux infos. Je vous demande pardon, car j’étais tellement naïf, combatif… heureux. Dans cette ébène, j’ai perdu mes forces.

 

Il reste évident que si je peux vous aider, je le ferai, mais il me manque maintenant l’essentiel… y croire. Je vous souhaite pourtant une franche réussite et force pour essayer de changer les choses. Ce ne sera pas facile, surtout que le monde est en train de changer ; pandémie, politique, géo politisation des entreprises et féodalisation de nos systèmes de pouvoir sont les sombres présages d’une crise sans précédent. Courage à vous et « bons vents ». Prenez soin de vous. 

 

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